ninasaul

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L'éloignement de la première seconde


Je voudrais ressentir sentir à nouveau la première seconde. Celle par laquelle tout a commencé. Celle qui est encore présente en moi, à chaque instant à chaque minute. Depuis des heures et des années. 

 

Je voudrais reprendre toutes les routes que j’ai déjà prises. Chacune d’entre elles. Sans exception. Je voudrais prendre les mêmes virages. Tomber sur les mêmes intersections. Hésiter pareil, ne pas hésiter. Pareil. Je voudrais foncer, brûler un stop. Prendre une mauvaise direction, faire demi-tour, trouver la bonne, encore pareil. Puis m’égarer. Me perdre. Rebrousser chemin. Chercher la voie. Abandonner. Baisser les bras. Retrouver la route, une route. Reprendre de plus belle. Sentir à nouveau chaque soulagement, chacun de ceux qui m’ont déjà été offerts. Les vivre tous une nouvelle fois. Etre soulagée. Souffler. Reprendre le même bonhomme de chemin. Le mien. Croire à nouveau. Douter. 

 

Je voudrais ré-entendre mes premiers rires, et tous les autres qui ont suivi. Revoir mes premières larmes, les regarder couler sur mon visage, sentir leur goût de sel sous et sur ma langue, à la commissure de mes lèvres, sur la paume de mes mains, au bout de mon épaule. 

 

Je voudrais tout ça. Sans limites. 

 

Je veux tout. Voyager dans ma vie. 

 

Au cours de ce voyage qui n’aura ni fin ni début, ni sens ni contre-sens, crois-moi je ne changerais rien. J’apprendrais et je ré-apprendrais comment et comme j’ai vécu. Je découvrirais des souvenirs oubliés et des délices perdus. Là est mon âme Nina. Sentir la peau fraichement ridée de ma grand-mère de mon grand-père sur la peau rose de mes joues lisses. Mon infini à moi. A tout jamais. 

 

Je veux tout,  je veux ma vie, je veux la regarder. 

 

Me voir, me regarder. Sentir le vent pour la première fois. Frémir et essayer de l’attraper, ne pas y arriver. Persévérer. Vouloir suivre le vent et me mettre à courir. Tomber et me relever les mains égratignées. Maudire ces minuscules graviers incrustés dans ma peau écorchée, les enlever, et sentir comme ça brûle. Les oublier et ne plus y penser. Rire encore et courir de plus belle sans ne plus jamais penser à tomber. Ne plus jamais tomber pour de vrai. Toujours se relever même pour de faux. 

 

Je veux tout depuis la première seconde. 

 

Suspendre l'image de mon premier rêve face à mon regard les yeux ouverts, les revoir, tous, mes rêves. M’y promener et les ramasser pour les coller les uns à la suite des autres. Sans limites. Du premier au dernier. Aussi grand que le ciel et les nuages. Comme la fresque d’un peintre de génie. Regarde ! 

 

Je veux tout.  

 

Regarder ma vie et comprendre que rien ne change. Et sentir sans regrets que la première seconde s’éloigne de seconde en seconde vers l’infini. Sentir le vent. 

 

 



05/10/2016
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