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L’histoire d’un jour qui s’est cassé la gueule

C’est l’histoire d’un jour difficile, d’un jour fragile. L’histoire d’un jour qui s’est cassé la gueule un sale matin de vérité où la lucidité t’a dit cela Nina. La lucidité, qui calmement t'a dit, t’a dit cela en te regardant droit dans les yeux et te l’a dit ainsi : c’est fini la magie Nina, il n’y en a jamais eu, il n’y en aura jamais. Ni dans ta vie ni dans La vie ni dans celle de tous les autres. Une sale journée Nina j’te dis. Un mauvais jour criblé de mauvais doutes qui ne percent plus rien ni même ton âme, ni même les doutes, ni les mystères, ceux de ton âme, ton âme en creux Nina. Ton âme pas encore morte, pas tout à fait, qui creuse sa tombe creusant la tombe de tous ses rêves. Il faut bien s’occuper, creuser fera l’affaire de vos journées de tes journées Nina. Un temps de chien j’te dis. Un mauvais jour.

 

Un jour fragile Nina. Un jour où tu ne fais rien, où tu n’peux pas où tu n’peux plus, pas aujourd’hui ni même demain et puis hier tu ne sais plus, et aujourd’hui tu n’sais plus rien, tu n'sais rien faire, plus rien, tu ne sais plus. Tu te figes dans la médiocrité et dans l’horreur et dans la peur, toutes ces vieilles peaux qui t’ont jeté un sort, se sont ruées sur toi et te dévorent sans te tuer encore, dévorent le monde. Tu réagis, une tentative, tu te demandes colère si tes rêves ne faisaient pas semblant quand par magie tu souriais. Quand par magie tu souriais Nina, tes rêves ne faisaient-ils pas semblant de te faire vivre, de t’écouter, de t’faire chanter. Tu n’souris plus. Figée tu as les traits tirés. La nuit le jour quelle différence ? Tu ne dors plus tu ne vis plus. Tu ne danses plus. Tu suis le monde dans sa tempête sa déferlante et tu chavires et puis tu plonges et tu te noies, tu bois la tasse de ces sombres pensées qui n’ont ni queue ni tête qui te dominent et qui dominent le monde qui ne te ressemblent pas. Et tu t’entêtes et tu te fâches et tu te dis que tous tes rêves et ceux des autres t’ont fait plus de mal plus qu’ils ne t’ont fait du bien. Et tu te fais du mal, encore du mal, toujours du mal. Un jour de vide Nina ou pire et peut-être plus vrai, un jour nauséabond, un jour où l’avenir ne te promet rien d’autre qu’une piètre éternité, un monde sans horizon où les honneurs honorent les salopards qui couvrent la terre, qui se partagent le monde. La terre Nina qui est la tienne et celle de tes amis. Ce monde qui est si beau.

 

Tes rêves te font baisser les bras Nina. Ils sont trop beaux, ils sont trop grands et comme c’est triste qu’ils soient si grands alors que tu les as dessinés petits, tout petits, suffisamment petits pour pouvoir les ranger dans tes poches et pour ne déranger personne. Ne déranger personne.

 

Ils sont trop doux tes rêves et la douceur tu sais Nina va disparaître. Du dictionnaire d’abord et puis du reste, du reste du monde de toute la terre dans ce vaste monde sans horizon, le monde, celui des salopards peut-être. Un mauvais jour Nina. Ce mauvais jour où tu découvres que tous tes rêves, tes rêves de poche, sont impossibles. Ils calent en plein désert et ne redémarrent plus. Un mauvais jour, où tout le soleil de tout le monde entier ne pourra plus jamais te réchauffer, ni réchauffer ton cœur qui bat pour tout le monde mais n’a jamais battu pour toi ou bien si peu. Alors pourquoi le réchauffer ? Comment le réchauffer ?

 

Un sale quart d’heure d’une heure si froide, si terrifiante. Ta force Nina, entre le chaud et le froid s’est affaiblie. La force de ton âme a presque disparu ce jour de pluie.

 

Un jour fragile. Un jour stérile. Où la magie n’existe plus. Ultime affront.

 

C’est le hasard Nina qui a sauvé ta peau. 

 

Le hasard qui est passé sans te prévenir. Tu auras essayé des choses et rien n’y aura fait sauf le hasard.

 

C’est une voix, voix du hasard, une jolie voix, une voix que pourtant tu connaissais Nina mais que tu n’attendais pas, pas ici. Une jolie voix sur un bout de chanson, une voix profonde, une voix légère, une voix de liberté. De liberté. La voix, inattendue, de Marylin. La belle, la forte, la faible, la fatiguée, la triste, l’épuisée, la bafouée, la suicidée. Sa voix comme un instant de bonheur que tu n’attendais pas, qui est venu et qui te dit cela. 

 

Et qui de dit ceci. Une femme malheureuse hier, c’est une femme moins malheureuse aujourd’hui, c’est une femme plus heureuse demain. Et beaucoup plus heureuse peut-être, à elle de voir. 

 

C’est pour ça que le monde vit, c’est comme ça que le monde vit et c’est comme ça que le monde fragile se construit et qu’il devient plus fort. Et Nina tu le sais, une femme c’est comme un homme. Un homme malheureux hier Nina, c’est un homme moins malheureux aujourd’hui et plus  plus heureux encore demain. L’humanité. 

 

Un jour fragile fera demain, entre tes mains. 



15/11/2017
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