Effacer le passé
S'il fallait effacer le passé
Je demanderais d'abord
D'effacer un peu du mien
De mes erreurs, de mes déboires, de mes histoires
S'il fallait effacer le passé
Je ne garderais de celui-ci
Que ce qui me plaît
Je ré-écrirais ce que j'ai loupé
J'effacerais mes ratés
Cela s'appelle rêver
S'il fallait effacer le passé
Je crois que ...
Je perdrais mon enfance
Et les saveurs et ses saveurs
Et l'indulgence et l'insouciance
Et j'oublierais ce petit corps potelé que j'ai été les soirs d'enfance
Contre le coeur de mon grand-père
Sous le regard de ma grand-mère
Alors ...
S'il fallait oublier le passé
J'oublierais le bonheur
Mais dis-moi ...
Oublierais-je le malheur ?
Le mien ? Le tien ? Celui de l'Humanité ?
Car n'est-ce pas ce que tu me promets ?
Un monde meilleur ?
Sans les statues de nos piteux ancêtres
Avec des nouveaux noms de rues
Dans un univers sans genres
Qui ne nomme plus aucune couleur de peaux
Qui ne se moque plus de rien
Qui prétend vivre sans haines
Ouvre les yeux
Tu rêveras mieux
Apprends du passé
Que le moment présent n'existe pas
C'est un moment perpétuel
Dont tu n'es qu'un infime fragment
Et nourris-le
Du mieux que tu peux
Du mieux que tu pourras
Erige une oeuvre d'art, sculpte une statue
Pour remplacer chacune de celles
Que tu détruiras
Alors je me répète
S'il fallait effacer le passé
Je demanderais d'abord
D'effacer un peu du mien
De mes erreurs, de mes déboires, de mes histoires
S'il fallait effacer le passé
Je ne garderais de mon passé
Que ce qui me plaît
Je ré-écrirais ce que j'ai loupé
J'effacerais mes ratés
Cela s'appelle rêver
Toi
Quand tu ouvriras les yeux
- Entre deux rêves -
Apprends du passé
Ne répète pas l'Histoire
Cela ne dépend que de toi
Et s'il te plait, envers et contre tout
Fais-moi rire
De toi
De moi
De tout
Fais-moi rêver
Voleurs de silence
Je n'ai besoin de personne pour être libre
Loin de la foule je m'émancipe
Et dans ce chaos
Je crève aussi un peu
Evidemment
Mais crever est notre destin à tous
Je prends le mien en mains
Je cherche la paix
Ceux que j'aime,
Le peuple, les puissants,
Me fatiguent
Terriblement impudiques, illuminés
Ils marchent ensemble vers un impossible divorce
Eclairés par tous les écrans de la terre
Excités pas leurs propres écrans
Qu'ils appellent tantôt liberté tantôt échafaud
Ils se battent à distance
Pas au fond des tranchées, pas de sang
Devant les écrans, pas le temps
Et chacun de sa plume QWERTY AZERTY
Déploie ses ailes tous les matins, tous les soirs, la nuit aussi
Et ils attendent, et ils prient, et ils implorent
L'audience maximale
A la lumière bleue d'une lune nouvelle à décrocher
Il y a maintenant tant d'ailes dans le ciel
Tellement d'oiseaux là-haut
Que ça fait de l'ombre au soleil
Et à la lune aussi
Les oiseaux voleurs de silence planent
Ne baisse pas les yeux
Ne baisse pas les bras
Tu n'as besoin de personne pour être libre
Guerre ou Paix
Guerre ou Paix ?
A choisir entre les deux
On choisit tous
La Paix
Bien entendu
On en rêve
Et on en parle tous
Dans nos discours, dans nos conversations
A la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux
Et dans nos convictions
De salon
Oui forcément
C'est la Paix
Qui arrive en premier
De ce qu'on veut
De ce qu'on voudrait
Forcément
Ha ha ha ha ha
Ha ha
Vraiment ?
Parce que nous avons tous appris
Nos leçons à l'école
Parce que nos grand-parents
Parce qu'Anne Frank
Parce que tous ces morts
Qui ont glacé nos enfances
En chiffres, en mots, en photos
En témoignages, en silences
Sont censés nous avoir vaccinés
A tout jamais
Mais
Des souffrances de nos aïeux
De leurs terribles sacrifices
Sanglants
Sont nées des promesses de paix
Gravées sur le papier sacré de la Loi
Internationale
Ecrite dans des traités
Qui a créé à l'époque
De nouvelles institutions
Aujourd'hui chères à nos coeurs
Le désir de Paix
A commencé à battre au rythme
Des coeurs de nos anciens
Qui pour nous voulaient un monde meilleur
Et pour eux
En mémoire de leurs combats
Je veux me battre pour la Paix
Je veux apaiser leur Mémoire
Je veux être douce
Et aussi vous dire que la Paix
est une question de Volonté
De dignité
C'est une respiration
Mais autour de nous ?
Chez nous ?
Faisons-nous vraiment la Paix ?
Deux ans déjà
Me revoilà
Nina
Deux ans déjà
(Que je n'étais plus là)
Cette absence
Qui n'a marquée personne
Ni vous ni moi
C'est comme dire
C'est vous dire
Que le temps n'existe pas
Juste sur notre peau
Juste dans nos corps
Mais pas ailleurs
Ni dans nos coeurs
Ni sur nos sourires
Ni dans nos envies
Et encore moins
Dans nos insomnies
De grâce, respirez, inspirez ...
Certes l'Histoire continue
Et ne cesse de continuer
Et nous marque
Et nous disperse
Et nous angoisse
Et puis ?
Laissons le temps s'envoler et vivre sa vie
Et oublions le temps
(et chut ... oui le monde va mal, et donc ?)
Je vous embrasse
Crée des nouveaux mots
Et ouvre de nouveaux chapitres
J'aime assez bien l'éternité. Surtout la mienne
J’aime assez bien l’éternité
Surtout la mienne
C'est vrai qu'en chemin elle a perdu le charme de l’évidence
Pure comme l’enfance
Elle a pris quelques rides, des pas très belles.
Malgré les coups pourtant, elle danse encore
Se porte bien même si
Dans mon éternité
Il y a des morts. Lointains. Proches
Pourtant elle danse encore
Plus forte que tout. C’est qu’il en faut des coups
Pour la tuer l’éternité
Qui ne veut pas mourir
Celle de l’Humanité
Cette éternité-là, ultime
Semble survivre à toutes les fins du monde
Aux prédictions, aux analystes, économistes, zadistes, défaitistes, nombrilistes
A toutes les guerres, toutes les famines, tous les tyrans
La mienne, plus belle
Ne me fait pas délirer
Elle me fait même parfois penser à ma maladie à moi ou à la tienne, un jour peut-être
Banalité
Mon éternité n’exclut pas la pensée de la fin de ma vie
La fin de ma vie
C'est là son essence même
Nous dépasser
Mais en toute amitié, l’éternité, la mienne
M’aide à sécher mes larmes
A me nourrir des souvenirs de ceux qu’elle a laissés sur le chemin
A éduquer la chair de ma chair, à me battre, à croire, à rire
A faire rire
Et puis écrire, un peu
J’aime assez bien l’éternité
Surtout la mienne