Père de l'amour
Assis pendant que la terre tournait, Il essayait d’arrêter le temps
De faire le vide autour de Lui, d’éloigner Ses tourments
Le bruit des glaçons qui tournaient dans Son verre
Égayait une vie qu’Il voulait éviter, qui craquait de tracas
Assis au calme Il voulait penser seul, élever Sa pensée
Vers d’autres cieux. Et ne plus rien entendre. Rien
Aucun bruit de femme. Aucun bruit d’enfants
Aucun bruit de passé proche. Ambition de futur
Ainsi voyageait-Il librement dans le silence de Son esprit
Quand elle arriva joyeuse et Lui demanda pour la première fois
De la conduire à son hebdomadaire cours de danse
Dégainant sans attendre quelque chose de sa poche, Il lui tendit un billet pour payer le taxi
Elle n’avait pas tout à fait l’âge de prendre un taxi, seule. Et encore moins l’envie
Sans parler du billet. Alors elle s’en alla en bus, ou en vélo peut-être, sans dire un mot
Le cœur griffé, les joues presque sèches, sa belle adolescence au vent
Elle emporta avec elle une confusion nouvelle, érigée en autel
Et la certitude que l’homme était tout cela
Un Roi à l’ombre Duquel il faudrait guetter le soleil
Des années plus tard un jour qu’elle regardait les hommes passer dans le silence de sa vie
Son regard s’arrêta sur l’un d’eux qu’elle reconnut d’entre tous comme aucun
Elle ne savait rien de Lui, ou presque rien, sinon ceci
Que cet homme était son père, le mystère de l’amour
Elle sourit, tout n’était donc que cela en vérité
Un moment à passer, un homme à dépasser
L’été était derrière elle et de nombreux hivers aussi
Et voilà que l’automne arrivait
Et avec lui un nouveau Roi, un autre monde, une autre vie
Une vie de Femme
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